POLYAMOUR SOUFFRANCE | 7 étapes pour sortir de la dépendance affective et la peur de l’abandon

La dépendance affective, la peur de l’abandon, d’être remplacé, qu’il ou elle trouve mieux ailleurs ou la jalousie, existent dans toutes les formes de relation mais peuvent être exacerbés en polyamour. En me basant sur mon expérience, celles des autres et mes recherches, je vous donne de nombreuses pistes de réflexion pour surmonter toutes ces peurs. Et à la fin de cette vidéo, je vous partage l’exemple concret, d’un plan d’action que j’ai mis en place avec une cliente en séance de coaching.


1.    INDENTIFIER LA CAUSE DE SES PEURS

L’étape la plus importante avant tout changement, c’est d’identifier et d’avoir conscience de la cause de nos peurs. En période de souffrance, vous serez tenté d’accuser votre environnement ou le polyamour et de dire « ce n’est pas pour moi, je suis trop jaloux.se » ! C’est une croyance limitante. La jalousie est un mélange d’émotions primaires (tristesse, peur, colère), qui sont elles-mêmes simplement des informations transmises par notre cerveau, pour nous aider à identifier une blessure intérieure. Ce n’est en aucun cas un trait de caractère et encore moins une fatalité. C’est comme si je vous disais « les soirées entre amis ce n’est pas pour moi, je suis trop triste ». Non, vous allez identifier ce qui vous rend triste et le traiter pour profiter à nouveau de vos amis.

C’est pareil quand vous vous blessez, avec un couteau par exemple, l’action du système nerveux et du cerveau va vous envoyer un signal douloureux à l’endroit de la coupure. Ce n’est pas que vous n’êtes pas fait pour la cuisine car vous souffrez trop de coupure, vous devez juste apprendre à manier un couteau et placer vos doigts correctement.

Quand vous ressentez une émotion désagréable, votre objectif est de bien l’identifier pour pouvoir la connecter à un besoin. Par exemple, la colère peut venir d’un besoin de réparer une injustice et la peur peut venir d’un besoin de se sentir en sécurité.

D’ailleurs, le premier réflexe quand on a peur en polyamour, c’est de vouloir retrouver l’illusion de sécurité d’une relation exclusive. J’utilise le terme « d’illusion » car comme vous le savez les statistiques des couples pourtant engagés (donc mariés), qui divorcent est d’environ 50 %. Si avant de monter dans ma voiture, je vous dis que je me prends un mur une fois sur deux, vous n’allez peut-être pas être serein ! Pour autant, je ne cherche pas à démontrer que le polyamour fonctionne mieux, mais plutôt qu’aucun mode relationnel et qu’aucune relation ne peut nous prémunir de souffrir, puisqu’elles sont toutes amenées à s’arrêter un jour, d’une manière ou d’une autre.

Donc quand une situation vous déclenche une réaction émotionnelle de peur, de colère ou de tristesse, plus vous l’identifiez et la traitez rapidement, plus cette réaction sera courte. Car plus elle se prolonge longtemps, plus elle va commencer à altérer d’abord votre humeur, puis votre tempérament et même votre personnalité. (Voir la vidéo du Dr. Joe Dispenza)

Mais c’est inutile de simplement regarder votre blessure, en constant que vous saignez et en reportant la faute sur le couteau ou la personne qui vous a demandé de cuisiner. C’est important de se responsabiliser, de comprendre que nous sommes à l’origine de nos émotions et que c’est à nous de les gérer. Cet état d’esprit, est la seule solution qui puisse vous permettre de guérir d’une blessure, d’apprendre et d’éviter de vous couper à nouveau.

Donc vous devez être à l’écoute, autant que possible, de vos émotions et essayez de conscientiser au maximum vos pensées, vos ressentis et vos comportements. De vous observer faire de l’extérieur. Pour ça, l’un des meilleurs outils, c’est la méditation, et encore une fois, je vous conseille fortement la série Headspace sur Netflix. En faisant simplement 10 min de méditation par jour, n’importe où, même dans les transports en commun, vous allez pouvoir vous connecter plus facilement à vos émotions pour identifier leurs causes.

Prenons un exemple. Vous êtes en relation non-exclusive et quand votre partenaire fait une nouvelle rencontre, ça vous fait peur, mais vous ne savez pas encore exactement pourquoi. Donc vous allez vous questionner, et finir par identifier que vous craignez qu’il ou elle trouve mieux ailleurs ou que cette nouvelle personne soit mieux que vous. Peut-être que vous savez que c’est irrationnel, mais vous ne pouvez pas vous empêcher d’avoir peur.

Maintenant vous allez essayer de comprendre son origine, en commençant par : pourquoi est-ce que j’ai peur qu’il ou elle trouve mieux ailleurs ? D’être quitté ? D’être abandonné ? Est-ce que je pense ne pas mériter son amour ? Etc. Faites ce travail et notez-le, ça vous servira par la suite.

Cette introspection, vous permet d’identifier, par exemple, un manque d’estime de vous, qui vous fait ressentir le syndrome de l’imposteur. C’est-à-dire que vous avez l’impression de ne pas être assez bien pour votre partenaire et qu’il ou elle va finir par s’en rendre compte et trouver mieux ailleurs. En plus, vous craignez peut-être qu’il ou elle vous abandonne, car comme beaucoup de monde, vous avez vécu une situation d’abandon dans votre vie.

Celles-ci sont d’ailleurs très courantes et parfois difficile à identifier. Elles peuvent intervenir au niveau prénatale ou natale, via l’environnement de l’embryon, à la naissance, durant notre enfance ou le reste de notre vie. Un divorce ou le simple fait d’avoir attendu trop longtemps qu’un parent viennent nous chercher à la sortie de l’école, peut laisser une blessure inconsciente en nous et être à l’origine de ces peurs.

Donc vous comprenez que la peur que votre partenaire trouve mieux ailleurs est un mélange de deux causes : un manque d’estime de vous et une peur de l’abandon. Ces symptômes engendrent une dépendance affective vis-à-vis de cette personne, car la valeur que vous vous donnez et les besoins que vous souhaitez combler, sont directement lié à celle-ci.

N’hésitez pas non plus à communiquer et à exprimer vos peurs, sans avoir la sensation de déranger. Car derrière chacun d’elles, il y a un désir qui peut devenir un moteur. Par exemple, la dépendance affective et la peur d’être abandonné, peuvent vous aspirer et vous motiver à devenir plus indépendant.e.

2.    PRENDRE DU RECUL

La seconde étape est de prendre du recul, de la hauteur sur la situation, de gagner en sérénité et en objectivité. J’évite de plus en plus le terme « dédramatiser » car ça peut induire que les émotions vécues ne sont pas légitimes. Mais toutes les émotions doivent être accueillies comme elles viennent, sans remettre en question la manière dont elles affectent notre esprit et notre corps. Par contre, on va prendre conscience, qu’en traitant la cause qui se cache derrière, il serait possible de revivre exactement les mêmes faits, sans réaction émotionnelle désagréable. Car dans l’absolue, ce n’est pas une situation qui en est à l’origine, mais la manière dont nous allons la percevoir, l’interpréter et la vivre.

Pour prendre du recul, j’utilise plusieurs stratégies. La première c’est d’accepter tout de suite, qu’en réalité, on a aucun contrôle sur l’autre personne et qu’on peut la perdre à tout moment. Soit, vous vous sentiez déjà plus ou moins complet et heureux avant de rencontrer votre partenaire et vous pouvez en déduire logiquement que vous retournerez à cet état si vous vous quittez. Soit, vous étiez à la recherche de quelqu’un pour vous compléter et ça sera l’occasion de découvrir que vous êtes déjà complet, que vous avez déjà tout ce qui faut pour être heureux.se. L’autre personne ne fait pas partie de vous, elle fait partie de votre vie.

Cette peur de perdre l’autre et ses conséquences sont d’ailleurs au cœur de l’intrigue de Star Wars. C’est ce qui va pousser Anakin, qui a peur de perdre sa mère, puis sa femme et ses futurs enfants, vers le côté obscur, jusqu’à se transformer en Dark Vador. Quand cette peur est là, on a deux possibilités. Soit on accepte la réalité, que l’on va perdre l’autre un jour quoiqu’il arrive, soit on agit contre la réalité, de manière irrationnelle et on cherche par tous les moyens à contrôler l’autre ou la relation pour éviter que ça arrive. Et le personnage de maître Yoda, dont la sagesse est inspirée par le bouddhisme et le taoïsme, transmet à Anakin des conseils qui sont valables pour tout le monde. Voici ce dialogue, que j’ai retraduit pour enlever le côté fantastique : « La peur de perdre l’autre mène à la souffrance. Mais perdre un être cher est un élément naturel de la vie. Ne le pleure pas, ne le regrette pas. L’attachement mène à la jalousie et cache le désir de posséder l’autre. Exerce ta volonté à renoncer à tout ce que tu redoutes de perdre un jour. » (Maître Yoda).

La deuxième stratégie est de se projeter directement dans nos pires scénarios pour visualiser ses conséquences. Vous pouvez utiliser la technique du « et alors ? ». Vous allez vous dire « j’ai peur qu’il me quitte ! Et alors ? Eh bien je serai à nouveau seul ! Et alors ? Je serais triste, je vais devoir retrouver un appartement et dire à mes proches que je me suis séparé ! Et alors, et alors, et alors… ». Vous allez vous rendre compte que, oui ces situations vont probablement vous faire ressentir de la tristesse, du stress, de l’inconfort, de la gêne, mais elles ne constituent pas un danger. Se faire abandonner n’est pas dangereux, mais vous craignez la réaction émotionnelle qui va suivre. Et avec tout ce qu’on va voir dans cette vidéo, la durée de cette réaction pourra être réduite, voir disparaître complétement.

Je pense qu’essayer de changer les sentiments de quelqu’un ou le retenir de partir, est une perte de temps et d’énergie pour tout le monde. La fin d’une histoire, c’est également le début d’un nouveau cycle, avec son lot de nouvelles opportunités et expériences.

Ensuite vous pouvez volontairement vivre ces situations comme si vous étiez le cobaye de votre propre expérience, comme si c’était un jeu, une énigme à résoudre, une sorte d’escape game de vos peurs ! Personnellement ça me permet de mieux accepter les émotions qui me font souffrir car je sais que je l’ai décidé, je n’y suis pas contraint. C’est un peu comme enlever une écharde, je préfère le faire car j’accepte mieux la douleur si j’en suis à l’origine, sans être contraint ou surpris.

Donc vous pouvez dès à présent, partir de l’hypothèse, que vous n’êtes pas en danger et que votre vie ne va pas s’écrouler si votre relation s’arrête. Je sais à quel point cette pensée est difficile à projeter, voire impossible, surtout quand vous êtes engagés, et que vous avez des enfants. Mais paradoxalement, cette hypothèse va permettre le lâcher prise nécessaire pour être dans le bon état d’esprit. L’important ce n’est pas de chercher à croire à cette hypothèse, car elle n’est pas forcément juste, mais de comprendre qu’elle va vous permettre d’accéder à une nouvelle perception de la situation, et ainsi découvrir des possibilités jusqu’alors inaccessible.

Prenez également du recule sur vos désirs, car il est très courant qu’ils soient issus de conditionnements, d’ancrages, de pressions sociales, de croyances ou de pensées magiques. Il ne faut pas hésiter à remettre en cause tous vos désirs et essayer de distinguer si c’est réellement ce dont vous avez besoin.

3.    AMÉLIORER SON ESTIME DE SOI

La troisième étape est d’améliorer son estime de soi et je vais vous expliquer pourquoi et comment. Une bonne estime de soi c’est la base, le fondement d’une bonne relation à soi-même et par extension, aux autres. On peut la décomposer en 4 parties : la confiance en soi, l’acceptation de soi, l’amour de soi et la vision de soi.

Donc votre niveau d’estime de vous, est nuancé par ces différents paramètres. Et on a vu dans l’exemple précédent qu’un manque d’estime de soi est gênant dans une relation, puisque, par exemple, vous aurez peur que votre partenaire trouve mieux ailleurs et vous ne vous sentirez pas en sécurité.

Pour améliorer votre estime de vous, vous avez plusieurs pistes à explorer. D’abord, vous pouvez vérifier que vos comportements sont bien en adéquation avec vos valeurs. Peut-être que vous avez un travail ou un mode de vie avec votre partenaire, qui ne correspond pas à vos valeurs, mais vous le faites par nécessité ou par peur de perdre votre emploi ou votre relation. Si c’est le cas, ne vous jugez pas, mais soyez indulgent avec vous-même et ayez simplement l’intention de faire du mieux que vous pouvez, et de tendre vers une vie plus alignée avec vos valeurs.

Faites également attention à la manière dont vous vous parlez, dont vous pensez et dont vous vous touchez. Faites tout ça avec amour et traitez-vous aussi bien que quelqu’un que vous aimez. Prenez soin de vous et accordez-vous du temps.

Vous pouvez avoir d’autres points de blocage à dépasser comme la culpabilité et la honte. J’ai discuté et coaché des personnes qui avait vécu des événements perturbants, voir traumatisants. Certains ont honte de les avoir vécus, ils s’en veulent et parfois ils ont trouvé du réconfort dans une addiction : à la nourriture, à l’alcool ou la drogue par exemple. A chaque fois, le point commun, est qu’ils se tiennent responsable de ce qu’ils considèrent être des mauvaises décisions et des faiblesses de leur part.

Mais pour moi, il est très important d’avoir conscience, que nous ne sommes pas simplement la somme de nos décisions car le libre arbitre absolu n’existe pas, nous n’avons que l’illusion de choix. Qu’est-ce que ça veut dire ? Eh bien l’enfant que nous étions, ou l’adulte, et qui a vécu des expériences difficiles, a réagi du mieux qu’il pouvait pour se protéger, en fonction de ses possibilités, elles-mêmes conditionnées et limitées par sa génétique, son expérience de la vie et son environnement. Pour améliorer son estime de soi, il très important de comprendre cette idée, car ça permet d’éliminer toutes possibilités de comparaisons, de jugements et de laisser place à l’empathie et la compassion vis-à-vis des autres et de soi-même.

4.    DÉVELOPPER SON AUTONOMIE ÉMOTIONNELLE

Plus vous allez améliorer votre estime de vous, plus vous allez développer votre autonomie émotionnelle. Car vous allez identifier vos manques, vos besoins et chercher à y répondre d’abord vous-même. Le but bien sûr ce n’est pas de se couper des autres car nous sommes des êtres sociables dont l’affection est un besoin fondamental, mais de changer notre rapport à l’autre. De transformer un rapport de besoin angoissant et oppressant, à un sentiment plus léger, plus détaché, d’amour et d’envie.

Chaque individu de la relation, a la responsabilité première de prendre en charge ses besoins et de ne pas être le garant de ceux des autres. Bien sûr on va mutuellement s’apporter de l’affection, de l’amour, de l’attention, de l’écoute, de la sécurité, etc. Mais ça doit rester un bonus dans votre vie, un partage positif, enrichissant et non quelque chose de vital à votre équilibre. Vous pouvez mesurez votre dépendance affective en réfléchissant à ce que vous considérez comme acquis et en imaginant ce que ça vous ferait de le perdre. Comment allez-vous réagir si votre partenaire ne répond pas à un message, annule une soirée ou disparaît complétement ? Tant que ça vous angoisse, c’est que vous avez encore un travail à faire sur vous.

D’un point de vue biologique (et ce n’est pas très romantique), on est une sorte d’usine de produit chimique contrôlée par notre cerveau. Donc vous n’êtes pas réellement accro à quelqu’un, mais plutôt, aux réactions chimiques qu’il provoque en vous, un puissant cocktail de substances euphorisantes et addictives ! Cette nuance peut complétement changer votre perception de votre rapport à l’autre. Ça ne va pas altérer votre plaisir d’aimer une personne, mais ça va vous détacher de l’emprise qu’elle a sur vous. Car les réactions chimiques qu’elle vous déclenche, peuvent se faire autrement. Peut-être que vous allez identifier que votre partenaire vous fait rire très souvent, que vous adorez ça, mais qu’en dehors de ces échanges vous avez peu d’occasions de rigoler. Vous allez alors diversifier les interactions, les relations ou les activités qui vous font rire. Ce qui inclus aussi de vous faire rire seul.e ! Ça ne vous empêchera pas de le faire également avec votre partenaire, mais vous ne serais plus dépendant.e de cette personne pour ressentir ces sensations.

Donc c’est intéressant d’identifier tous ses besoins et de voir si vous vous les apporter d’abord vous-même. C’est le principe de réciprocité, par effet de miroir vous allez vous posez ces questions : je demande à mon ou ma partenaire de m’aimer, mais est-ce que je m’aime ? Je lui demande de m’accepter, mais est-ce que je m’accepte ? Je lui demande de me trouver beau ou belle, mais est-ce que je me trouve beau ou belle ? Je lui demande de m’écouter, mais est-ce que je m’écoute ? Je lui demande de m’accorder de l’attention, mais est-ce que je m’accorde de l’attention ?

Vous pourriez, par exemple, reprocher le manque d’attention et de temps que vous accorde votre partenaire, sans remarquer que vous n’organisez jamais rien avec vous-même. Donc la prochaine soirée que vous allez passer seul.e, vous n’allez pas la vivre comme un échec, comme un moment sans votre partenaire, mais plutôt comme l’occasion de passer du temps avec vous-même. Vous devez vraiment considérer votre propre relation, comme une relation à part entière et vous traitez avec amour. Être capable de passer une super soirée seul.e est un très bon objectif pour améliorer son estime de soi et son autonomie émotionnelle.

5.    ACCEPTER LA DISTANCE

La 5ème étape est d’accepter le détachement et la distance qui va naturellement se créer dans la relation si vous suivez les étapes précédentes.

En effet, plus vous développez votre estime de vous et votre autonomie émotionnelle, plus vous modifiez votre attitude, et plus vous influencez indirectement le comportement des autres. Par exemple, vous pourriez reprocher à votre partenaire (sans lui dire peut-être), de ne pas assez vous regardez avec amour. Et puis vous allez vous apercevoir que vous n’avez pas non plus ce regard pour vous-même. En apprenant à vous accepter tel que vous êtes, en prenant soin de vous et en vous accordant du temps, vous allez finir par vous regardez avec amour. Donc vous répondez vous-même à ce besoin et vous êtes moins à la recherche de ce regard chez votre partenaire. A ce moment-là, celui-ci va naturellement changer. D’une part car il ne sentira plus la pression de devoir le faire, et ensuite car vous allez adopter des attitudes de quelqu’un qui s’aime, ce qui est beaucoup plus séduisant.

Une même personne peut dégager une énergie complétement différente, suivant si elle est angoissée, si elle a peur, si elle est repliée sur elle-même, ou si elle plus confiante, plus ouverte, plus souriante et plus avenante. Donc le comportement que vous reprochiez à votre partenaire avant, va peut-être évoluer, simplement car vous avez changé vous-même.

L’amélioration de votre estime de vous et de votre autonomie émotionnelle, va vous rendre moins demandeur.se, ce qui va créer un certain détachement et une distance vis-à-vis de votre partenaire. Surtout n’en ayez pas peur, ça ne veut pas dire que vos sentiments vont diminuer, votre amour ne va pas changer, mais vous allez le vivre de manière plus sereine.

Vous allez passer de « j’ai besoin de toi » à « j’ai envie de toi ». Et ça, comme l’explique la spécialiste Esther Perel, c’est la clé du désir. Le désir se génère dans la distance. Vous n’allez pas étouffer l’autre, mais lui laisser l’espace nécessaire pour qu’il puisse faire un pas vers vous. Vous craindrez peut-être qu’il ou elle profite de cette distance pour s’enfuir mais normalement, en travaillant sur les points précédents, vous seriez capable de gérer cette séparation. N’oubliez pas que ça ne sert à rien d’essayer de retenir quelqu’un qui n’est pas satisfait de la relation, c’est de l’énergie dépensé inutilement pour tout le monde.

6.    CONSTRUIRE UNE RELATION SAINE

A ce stade, vous allez être de plus en plus à l’aise personnellement, ce qui va vous donner la capacité de pouvoir construire ou reconstruire une relation saine et écologique. Bien sûr ça passe d’abord par développer une bonne communication, mais je ne m’étale pas trop sur ce sujet dont je parle en détail dans deux autres vidéos.

Quand un ou plusieurs individus de la relation sont en dépendance affective, ça à tendance à créer un déséquilibre et un rapport de force inégal. Dans l’idéal, personne ne devrait avoir la sensation d’avoir l’ascendant, de posséder, d’avoir une forme de pouvoir ou de contrôle sur l’autre. L’objectif d’une relation est simplement qu’elle soit satisfaisante, agréable et positive pour tout le monde. Ça ne doit pas être une source d’angoisse, de stress et une charge mentale supplémentaire au quotidien.

Pour éviter ça et garder un certain équilibre, chaque individu de la relation devra faire attention à 4 points importants. D’abord, il faut savoir donner. Bien sûr, généralement, ce n’est pas ce qui fait défaut aux dépendants affectifs. Au contraire, ils ont tendance à trop donner, car quelque part c’est de cette manière qu’ils pensent faire plaisir, recevoir en retour et sécurisé la relation. Je pense que donner beaucoup n’est pas un problème, à partir du moment, où vous le faites de bon cœur, par plaisir et non dans l’attente d’un comportement en retour. Cette notion d’attente, est très importante, pas forcément évidente à comprendre et j’en parle plus en détail dans une autre vidéo.

Ensuite, il faut apprendre à demander, à oser et à s’affirmer. Pour certaines personnes, au début c’est très compliqué, surtout quand l’estime de soi est basse, mais ça viendra naturellement. Vous aurez la sensation de vous trouver ou vous retrouver, de vous accepter et d’exister. C’est une phase libératrice pour des personnes qui ont vécu longtemps dans l’ombre de la relation.

Vous devrez également apprendre à recevoir, ce qui n’est forcément évident pour tout le monde. Surtout si vous vous sentez illégitime, que vous ressentez le syndrome de l’imposteur ou que vous rejetez l’aide des autres car vous voulez vous débrouillez seul.e.

Enfin, vous devez apprendre à refuser, ce qui fait souvent défaut chez les personnes en dépendance affective, car vous évitez peut-être à tout prix de contrarier votre partenaire. Mais soyez bien à l’écoute de vos émotions pour savoir refuser quand c’est nécessaire. Une relation écologique nécessite que chaque individu se responsabilise et cherche à vivre en harmonie avec les autres, sans rien imposer.

Pour arriver à mettre en place tout ce qu’on vient voir, les personnes en dépendance affective vont devoir lâcher prise et avoir confiance en eux et en leurs partenaires. Par exemple, ma copine qui est passée par ces étapes, avait peur qu’en devenant plus indépendante et en s’affirmant, elle allait devenir (je cite) « chiante » et que ça allait nous éloigner. Pour la rassurer, j’ai mis en place une règle. Étant donné que l’on communique beaucoup et que je suis transparent ; je lui ai demandé de toujours partir du principe que tout va bien ! Si quelque chose me dérange, je viendrai lui en parler. Tant que je ne lui dis rien, c’est que tout va bien !

7.    PLAN D’ACTION

Sortir de toutes ces souffrances ne peut pas se faire uniquement avec un travail théorique. Ça demande un effort, c’est une démarche pro-active de votre part. Dans cette vidéo, je traite ce sujet de manière général car je ne connais pas spécifiquement votre situation. Mais j’ai souhaité vous partager un plan d’action concret que j’ai proposé en coaching avec une cliente.

Celle-ci est dans une relation libre avec un homme, ils se sont rencontrés à la danse, ils adorent ça et participe occasionnellement à des soirées ensemble ou chacun de leur côté. Cette femme ressent une dépendance affective vis-à-vis de son partenaire et a mal vécu les dernières soirées car elle est très sensible au manque de considération, elle ressent de la jalousie quand il est avec d’autres femmes, elle se compare et elle souhaiterait être sa préférée. C’est une situation très classique dans les relations et pas seulement en polyamour.

En plus de travailler tous les points abordés dans cette vidéo, je lui ai proposé comme premier objectif, de pouvoir vivre à nouveau ces soirées sans souffrir. Je lui ai donc donné différents exercices à faire avant, pendant et après ces sorties.

La première est de dresser la liste des attentes qu’elle a vis-à-vis de lui. C’est un très bon exercice d’en prendre conscience car ça vous permet de comprendre l’origine de vos émotions. Peut-être qu’elle attend un certain comportement de sa part, et s’il le fait avec une autre partenaire, elle ressentira de la jalousie, voir se sentira trahit. Mais si elle a identifié cette attente, elle comprendra pourquoi elle souffre ce qui fait une différence énorme ! Ça permet de ne pas s’arrêter au symptôme mais d’en identifier la cause.

Elle va également dresser une autre liste d’attentes, celle qu’elle a de ses soirées en général. Pour ça il suffit simplement de noter tous les bons moments qu’elle aime revivre : se préparer, prendre soin d’elle, mettre une belle robe, revoir ses amis, écouter de la musique, danser, observer les autres danser, boire un verre, discuter, rire, etc.

Car les attentes fonctionnent de telle sorte que vous avez, plus ou moins inconsciemment, votre vision idéale d’une soirée dansante, par exemple. Et chaque chose qui ne correspond pas à vos attentes, vous fait ressentir des émotions désagréables comme de la frustration. Cette souffrance est complétement artificielle. Elle n’est pas causée par quelque chose d’extérieur mais provient intégralement de l’intérieur, de votre mental. Par exemple, si vous aimez avoir votre petit verre de vin rouge quand vous arrivez à la soirée et que cette fois il n’y en plus, vous allez être déçu et frustré. Mais comprenez bien, que ce n’est pas l’absence de ce verre qui vous fait souffrir, puisque vous ne l’aviez pas quelques minutes avant et que vous étiez heureux.se. C’est la différence entre vos attentes et la réalité qui vous fait souffrir inutilement.

Donc l’exercice pour ses prochaines soirées, va être d’abord de rester connectée, autant que possible à l’instant présent. Car quand vous pensez « j’espère que la musique sera mieux que la dernière fois, j’espère que telle personne me proposera une danse, m’invitera à boire un verre », vous êtes dans votre mental, soit dans le passé, soit dans le futur. Pour en sortir, comme en méditation, il faut focaliser votre attention sur le moment présent. La meilleure solution pour ça, c’est d’être connecté à ses 5 sens. Profiter du spectacle d’un couple qui danse, de la musique, des différentes odeurs, de véritablement goûter ce que vous mangez, ce que vous buvez et enfin d’apprécier le simple contact de tout ce que vous touchez, comme la peau des mains votre partenaire de danse.

Plus généralement, de ne pas rechercher qu’il se passe quelque chose de spécifique, mais d’apprécier ce qui se passe ici et maintenant, ce qui est à votre portée, ce que vous n’avez pas besoin d’attendre, puisque vous le vivez, sans parfois pouvoir en profiter quand vous êtes mentalement ailleurs.

Donc l’exercice consiste à profiter de chaque moment sans se demander si son partenaire la regarde, ce qu’il pense d’elle ou ce qu’il est en train de faire. De ne pas chercher à le solliciter, sauf si ça se fait très naturellement. De ne pas chercher à l’ignorer non plus mais de le considérer, ni plus, ni moins, que n’importe quel autre invité.

Votre unique but dans ce genre de soirée et dans la vie, c’est d’en profiter. Peu importe que ça se fasse, avec ou sans, telle ou telle personne. Et vous n’allez pas du tout dégager la même énergie quand vous êtes enfermé dans votre mental pendant toute la soirée, ou quand vous profitez simplement du moment présent. Ce rayonnement a un impact direct sur la manière dont les autres vont vous percevoir. L’ironie dans cette histoire, c’est qu’en vous détachant du regard des autres et en prenant le soin de profiter de chaque instant, vous allez naturellement attirer leur attention, ce que vous cherchiez peut-être inconsciemment avant, sauf que vous n’en aurez plus besoin.

C’est ce dont je parle dans la vidéo sur l’arc transformationnel. Quand vous abandonnez ce que vous voulez, au profit de ce dont vous avez besoin, souvent, vous prenez conscience que, ce que vous voulez devient à la fois accessible et secondaire ou obsolète. Si vous êtes en dépendance affective ou que vous avez peur de l’abandon, vous serez peut-être focalisé à essayer de posséder ou de retenir l’autre pour vous sentir en sécurité alors que ce dont vous avez vraiment besoin, c’est de comprendre que vous pouvez être heureux.se sans cette personne et que se quitter n’est qu’une question de contexte et d’affinité, mais n’enlève rien à votre valeur. Et c’est en créant ce détachement, que vous allez vivre cette relation dans des conditions idéales.

Pour finir, j’aimerai vous rappelez, que vous n’êtes pas en train d’essayer de surmonter toutes ces souffrances, juste pour pouvoir vivre en polyamour ou être aimé. Vous ne le faites pas pour les autres, vous le faites uniquement pour vous, car vous souffrez, vous êtes perdu et vous avez envie de vous retrouver. De ne plus avoir cette charge mentale, de vous demander ce que vous devez faire, ce que vous devez dire et ce qu’en pense les autres, mais d’oser être à nouveau vous-même, naturellement, spontanément, que ça plaise ou non. Vous faites tout ça pour vous détacher de l’emprise qu’on les autres, malgré eux, sur vous et pour vous sentir libre dans vos relations.


Publié par Romain

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