POLYAMOUR CLICHÉS #2 | Les polyamoureux préfèrent la quantité à la qualité ?

On me fait souvent la réflexion que les polyamoureux préfèrent la quantité à la qualité. Dans cette vidéo, j’ai pris le temps de réfléchir à ce que représentaient ces deux notions. J’ai aussi cherché des liens entre-elles et notre orientation relationnelle. Je vous propose ma réponse et j’essaye également de comprendre ce qui se cache derrière ce genre de réflexion !


QUALITÉ

La première question que je me pose est « qu’est-ce qu’une relation de qualité ? ». En fait c’est très subjectif. Par exemple quelqu’un pourrait estimer qu’une relation de qualité est plutôt fusionnelle et que la priorité est de passer un maximum de temps ensemble. Pour un autre, la priorité est de conserver son indépendance et un maximum de temps pour soi en dehors du couple.

Dans l’absolue, aucunes de ces façons de concevoir les relations n’est meilleure que l’autre, elles sont juste différentes. A partir du moment où vous vivez avec quelqu’un qui partage votre vision et vos attentes, alors vous considérez que c’est une relation de qualité. Bien sûr cela demandera également un travail personnel et collectif pour bien communiquer, comme j’en ai parlé dans les vidéos à ce sujet.

Je vais vous donner ma vision personnelle, qui est ma réalité et qui n’invalide pas votre conception des relations. Pour moi, une relation est de qualité quand chacun est assez à l’aise pour être soi-même, sans jouer un rôle ou chercher à plaire. Vous savez cet état où vous vous sentez comme un enfant, où vous vivez simplement le moment présent, naturellement, sans chercher à contrôler votre comportement pour correspondre aux attentes de l’autre. Quand vous aimez être en présence de cette personne pour elle et non pas juste pour ce qu’elle représente, pour ce qu’elle pourrait devenir, pour son physique, pour son statut, pour sa situation ou n’importe qu’elle autre raison qui ne la définit pas.

Un jour quelqu’un m’a dit « avec toi, je me sens seule mais à deux ». Pour nous ce n’est pas péjoratif et je trouve que ça résume bien ma vision d’une relation de qualité. Nous sommes d’abord très heureux avec nous-même et l’autre ne vient pas perturber cet état mais il le partage. Nous pouvons rester nous-même et vulnérable, sans peur d’être jugé.

QUANTITÉ

Comme pour la qualité, la quantité est une notion subjective par rapport à une personne ou un contexte. Mais culturellement nous sommes largement conditionnés à valoriser l’amour unique. Et dans notre esprit, la quantité (donc supérieur à un), est synonyme de tromperie, d’infidélité et autres complications en tout genre. Nous ne sommes pas non plus égaux face à la morale. Généralement, même si j’espère que c’est en train de changer, un homme qui a plusieurs relations peut être considéré comme cool par les hommes et un connard pour les femmes. Dans la situation inverse, malheureusement tout le monde est à peu près d’accord : la femme est considérée comme une salope. C’est une réalité qui est dénoncée dans le livre « La Salope Ethique ». Les deux auteures invitent tous les genres à se réapproprier ce terme, à accepter et à assumer leurs désirs de manière libérée et bienveillante.

Je trouve également cette morale très hypocrite. D’un côté, vous avez des monogames qui enchaînent parfois les relations exclusives en série toute leurs vies, en coupant souvent tout contact avec leurs anciens partenaires et c’est considéré comme normal. D’un autre côté, vous des polyamoureux qui vivent simultanément plusieurs relations en gardant potentiellement un lien toute leur vie et c’est considéré comme malsain.

Après vous avez aussi des monogames qui respectent ces liens et des personnes non-exclusives qui utilisent les autres comme des Kleenex ! Donc on ne devrait pas être jugé sur nos orientations qui n’ont aucun rapport avec la manière dont nous aimons et nous traitons les autres.

A l’échelle d’une vie, il n’y a parfois peu ou pas de différence en quantité de relation, entre monogames et polyamoureux. Ce qui peut gêner certaines personnes, c’est de vivre cette « quantité » simultanément. De toute façon, et c’est valable pour tous les sujets, à partir du moment où vous êtes heureux dans votre façon de vivre et que vous respectez les autres, alors personne ne devrait vous juger. Et si vous aimez la quantité et que vous arrivez à la gérer, alors c’est ok.

Mais alors qu’est-ce qu’on peut reprocher à la multiplication des relations amoureuses et / ou sexuelles ?

  • Pour moi le seul problème, qui n’est pas spécifique au polyamour, est la gestion du temps et c’est ce qu’on va voir juste après.
  • Ensuite, j’entends parfois « je galère déjà dans ma relation alors en rajouter d’autre ça serait impossible ». Ça ce n’est pas un problème lié au polyamour mais à notre manque d’éducation émotionnelle et relationnelle. Avant de considérer entretenir une relation saine avec les autres, il faudrait d’abord être bien avec soi-même.
  • La multiplication des relations n’enlève pas non plus de valeur aux autres. Avoir un second enfant ou d’autres amis, ne réduit pas votre amour ou la valeur que vous leur accordez.

La quantité n’est pas non plus opposé à la qualité. Vous pouvez très bien avoir de nombreuses relations de qualité.

GESTION DU TEMPS

Votre capacité d’aimer n’a pas de limite. La seule limite c’est le temps. Mais ne faites pas d’amalgame, l’exclusivité ou le temps que vous accordez à quelqu’un n’a rien à voir avec la qualité de la relation.

Vous pouvez vivre de manière exclusive avec quelqu’un qui n’est jamais présent ou qui passe tout son temps libre à ses propres activités sans vous accorder d’attention. Vous pouvez également vivre de manière non-exclusive avec quelqu’un qui partage avec vous quelques heures par semaine avec une grande qualité de présence. Et vice-versa ! Encore une fois, le temps et la qualité de présence n’a rien à voir avec notre orientation.

Finalement une nouvelle relation amoureuse et / ou sexuelle, va simplement s’ajouter à la liste des personnes et des activités dont vous consacrez du temps, régulièrement ou occasionnellement. Donc en termes de gestion du temps, dans mon cas, un nouvel amour n’a pas forcément plus d’impact dans ma vie, qu’un nouvel ami ou une nouvelle passion comme l’apprentissage de la guitare.

ET ILS VECURENT HEUREUX…

Culturellement, nous percevons une relation de qualité, comme une sorte d’escalier qui commence à la rencontre, puis le flirt, le premier RDV, le premier baiser, l’exclusivité, le sexe, le mariage, les enfants, etc. jusqu’à ce que la mort vous sépare ! Si quelque chose d’autre vous sépare que la mort, c’est considéré comme un échec ! Si votre relation se termine au bout de 10 ans, peu importe ce que vous avez vécu, certains vous diront « ce n’était pas la bonne personne, j’ai perdu 10 ans de ma vie ».

Je trouve ça vraiment triste de penser comme ça et de remettre en question, à posteriori, tous les moments de bonheur que vous avez eu dans une relation, peu importe son issu. C’est un manque de respect envers l’autre et envers vous-même.

Comme nous en avons parlé dans le premier point, nous n’avons pas tous la même vision d’une relation de qualité. Pour certains cela passe nécessairement par des projets de vie en commun comme emménager ensemble, se marier ou avoir des enfants. C’est vrai qu’à 20 ans, inconsciemment je devais le penser également.

J’adore me retrouver seul et nous sommes également des êtres qui avons besoin de relation. Mais je pense qu’il y a un juste milieu entre vivre complétement seul et vivre en couple 24h/24 avec la même personne. J’ai découvert qu’il est possible de créer de belles histoires avec peu de temps et sans projet commun. Après avoir partagé des relations où je voyais régulièrement les personnes quelques heures par semaine, je me suis rendu compte que c’était très équilibré. La distance est d’ailleurs la meilleure façon d’entretenir le désir et d’avoir toujours beaucoup de chose à partager. La rareté de ces moments, les rend précieux et intenses. Esther Perel en parle d’ailleurs très bien dans ces livres et interventions comme celle que je vous mets en lien.

Et quand vous ne développez pas d’attentes et que vous profitez simplement de chaque instant comme un cadeau alors vous ressentez peu ou pas de manque pendant les phases de distance. De la même manière que pour mes meilleurs amis : je n’ai pas vraiment de sentiment de manque, mais quand je les vois, même 6 mois plus tard, notre complicité et notre plaisir est identique.

Quand certaines personnes comparent la monogamie au polyamour, j’entends souvent « c’est quand même plus beau d’aimer la même personne jusqu’à la fin de sa vie ». Eh bien c’est justement ce que permet de faire le polyamour. Vous pouvez même aimer plusieurs personnes, jusqu’à la fin de votre vie ! Vous aurez plus de facilité et de liberté pour le faire. En fait que vous viviez de manière exclusive ou non, le risque que votre partenaire soit attiré par une autre personne est le même. Et ça peut paraître paradoxale mais la non-exclusivité permet de ne plus faire de cette attirance un tabou, un interdit ou une obsession, qui sont les véritables dangers. De ne plus être confronté à un choix qui va nécessairement exclure quelqu’un et mettre fin à une histoire qui aurait pu durer toute une vie.

RÉPONSE

Est-ce que les polyamoureux préfèrent la quantité à la qualité ?

La seule différence qu’il existe entre la monogamie et le polyamour est le fait de s’autoriser ou non, à vivre ses relations amoureuses et / ou sexuelles simultanément. C’est tout. Tout le reste, la qualité et la quantité de nos relations, ne dépend pas de notre orientation. Vous avez des polyamoureux qui vont vivre un ou deux amours dans toute leur vie et des monogames qui vont se marier cinq fois. Et tous peuvent vivre des relations qu’ils jugent plus ou moins de qualités ou toxiques.

Donc moi ce qui m’intéresse, c’est de comprendre la raison de cette réflexion. Pourquoi penser que les polyamoureux préfèrent la quantité à la qualité ? Et pourquoi est-ce que ça induit implicitement un jugement de valeur ?

Cette pensée-là, comme toute les autres, est forcément guidée par une peur ou une croyance. Je suppose que c’est une personne qui n’a jamais expérimentée de relations non-exclusives et je distingue deux situations.

Dans le premier cas, elle est directement concernée par le polyamour car son ou sa partenaire lui en parle. Elle va réagir en fonction ses peurs et ses croyances, qui sont erronées puisqu’elle n’a aucune expérience du polyamour.

Dans le second cas, elle n’est pas directement concernée par le polyamour et en discute simplement avec quelqu’un. Quand vous êtes en accord avec vous-même et que l’on vous parle d’une façon de vivre différente, vous êtes capable de vous y intéresser en restant neutre et sans jugement. Mais si ça vous dérange et que vous ressentez un jugement à l’égard de l’autre personne alors ça veut dire, que quelque part, vous n’êtes pas en accord avec vous-même.

Prenons un exemple. Admettons que je sois monogame et qu’un ami polyamoureux déjà en couple, vienne me dire qu’il a avoué son amour à une collègue et qu’il est heureux d’avoir découvert que c’était réciproque. Peut-être que moi je suis également en couple et secrètement amoureux de quelqu’un d’autre. Inconsciemment, je pourrais être jaloux de cette personne et chercher à dévaloriser son acte pour tenter de me sentir mieux. Ce comportement serait influencé par la peur. La peur de sortir de ma zone de confort et découvrir qu’il existe peut-être une possibilité de ne pas refouler mes sentiments mais de les assumer. La peur de ne plus pouvoir me considérer comme victime de cette situation et faire face à un choix difficile.

Un comportement peut donc être guidée par la peur mais également par une croyance. Dans ce même exemple, si j’étais ce polyamoureux, je pourrais avoir la croyance que ma valeur dépend du nombre de personne qui m’aime. Inconsciemment, j’irais raconter cette nouvelle à tout le monde, pour me sentir valorisé. Je me permets de faire ces suppositions car c’est un exemple théorique. En pratique, ne cherchez pas à interpréter les réactions des autres mais concentrez-vous uniquement sur les vôtres.

Si vous voulez vivre librement, des relations de qualité en quantité suffisante pour vous, vous devez d’abord être conscient de vos peurs et vos croyances. C’est la seule manière, d’être en accord avec vous-même, c’est-à-dire de vivre vos relations comme vous le souhaitez vraiment, sans vous laissez influencer par l’extérieur.


Publié par Romain

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