RELATION SAINE | Charte des attitudes d’un être humain moderne

Comment vivre une relation saine ? Je vous propose une charte des attitudes d’un être humain moderne ! Cet article s’adressait d’abord aux hommes, généralement les mauvais élèves de la relation, qui profitent souvent de leur statut privilégié au sein d’une société patriarcale. Mais les 20 bonnes attitudes que j’ai identifiées, s’appliquent à tout le monde, sans différence de genre.


1. ÉQUILIBRE

Éviter de dominer ou se soumettre

Une relation demande d’être attentif au respect d’un équilibre et d’une écologie, afin d’éviter tout rapport de force, de domination ou de soumission. Quand je parle de domination ou de soumission, je ne fais pas référence au BDSM par exemple, qui utilise ces jeux de pouvoir dans un cadre sexuelle et consenti. Dans une société patriarcale où les rapports de force sont très présents et conditionnés dès notre plus jeune âge en fonction de notre genre, ils deviennent presque normaux, donc difficile à identifier et à déconstruire.

Dans mon cas, par exemple, je n’ai jamais eu l’intention de dominer ou de vouloir me sentir supérieur à ma copine, et, par exemple, je ne me sens pas du tout dévalorisé quand elle gagne plus d’argent que moi, au contraire ! Pourtant, naturellement, ou plutôt culturellement, j’avais pris l’ascendant dans notre relation, sans m’en rendre compte. On faisait souvent ce que je voulais, pas parce que je l’imposais, mais parce que j’étais le seul à véritablement l’exprimer. Elle l’acceptait pour me faire plaisir et ne se rendait pas compte qu’elle n’exprimait pas ce qu’elle voulait. Quand on s’en est rendu compte, j’ai dû apprendre à être attentif et lui laisser la possibilité et l’espace de s’exprimer, et elle a dû apprendre à s’affirmer et à valoriser ses envies autant que les miennes.

Donc trouver cet équilibre est un travail collectif, de faire attention que les envies, les besoins et les limites de soi et de l’autre, soit bien pris en compte, même quand un rapport de force s’installe naturellement. J’ai bien aimé cette phrase que j’ai entendu dans le podcast « Le cœur sur la table » : « l’amour ça demande qu’on renonce à exercer son pouvoir », mais la première étape c’est d’abord d’en avoir conscience.

L’équilibre c’est aussi la répartition des charges mentales et domestiques. Ça passe d’abord par une entente et des compromis sur les tâches à effectuer car personnes ne peut imposer SA vision de l’organisation à l’autre. Ces tâches doivent ensuite être réparties en fonction de la charge mentale et du temps qu’elles demandent. On en est encore bien loin aujourd’hui puisque les hommes, par rapport aux femmes, disposent en moyenne de 3h30 de temps libre supplémentaire par semaine.

Finalement, aucun intérêt personnel ne doit empiéter sur la liberté des autres, et il faut tendre vers une dynamique de réciprocité ; si mon ou ma partenaire donne, m’aide, prend soin de moi et me soutient, j’essaye autant que possible de lui rendre en retour.

2. ÉCOUTE

Éviter de manquer d’attention

Arriver à cet équilibre demande une écoute bienveillante et de qualité. C’est quelque chose qui me faisait parfois défaut puisque j’avais tendance à écouter ce qui pouvait être dans mon intérêt et faire abstraction du reste. C’est grâce à mes partenaires et à mon travail de coaching que j’ai réellement appris à écouter.

Écouter l’autre, ce n’est pas juste entendre ce qu’il dit et essayer de parler ou lui couper la parole pour donner son analyse, son point de vue ou ses conseils. Écouter l’autre, c’est le laisser s’exprimer sans l’interrompre, faire preuve d’empathie et offrir son soutient et sa bienveillance par sa qualité de présence, sans nécessairement le verbaliser.

C’est quelque chose qui n’est pas passif et qui coûte de l’énergie donc quand vous sentez que vous n’êtes pas en capacité d’offrir cette écoute, n’hésitez pas à le dire plutôt que d’écouter à moitié. Prenez du temps pour vous, détendez-vous et proposez cette écoute quand ce sera le bon moment.

3. COMMUNICATON

Éviter de fuir la discussion

Savoir écouter permet d’avoir une bonne base pour communiquer. Si s’exprimer signifie faire connaître quelque chose par le langage par exemple, communiquer demande d’adapter cette expression pour qu’elle soit bien comprise par notre interlocuteur.

Ici je ne vais pas m’attarder sur les techniques de communication car ça serait très long et que j’en parle déjà dans 2 autres articles. Mais je vais plutôt expliquer pourquoi est-ce que c’est très important dans une relation.

Je pense qu’on a besoin de comprendre l’autre, et au passage de se comprendre, à travers son reflet. Et moins l’autre communique et plus on interprète instinctivement ses comportements avec le filtre de nos propres croyances. Je vais vous l’illustrer concrètement avec des exemples de mon expérience car c’est encore quelque chose qui me faisait défaut et que je continue à améliorer.

J’avais la croyance qu’avoir envie d’une femme voulait dire de moi que je suis quelqu’un de « pervers » qui ne s’intéresse qu’au sexe. Du coup, je n’étais pas entreprenant du tout et au début de mes rencontres certaines femmes ont d’ailleurs été très surprise de découvrir que j’avais une attirance pour elles car je ne le montrais pas, et j’ai dû apprendre à dire tout simplement « tu me plais ».

Je me rappelle d’un autre exemple, quand ma copine s’est plainte que je ne sois pas assez expressif. Quelques jours plus tard, alors que je la regardais et que je la trouvais belle, je me suis surpris à garder instinctivement cette pensée pour moi. Je ne sais pas pourquoi, si c’est mon conditionnement d’homme, mais ça me coûtait de lui dire. Depuis que j’en ai pris conscience, j’apprends à verbaliser ce que je garde parfois pour moi.

La communication permet, plus généralement, de savoir demander, de dire non, de partager ses envies, d’exprimer ses besoins et d’assumer ses limites. C’est « prise de tête » uniquement quand on y est réfractaire, mais c’est la base fondamentale d’une relation saine. Et cette charge émotionnelle doit également être réparti équitablement. Une personne ne doit pas avoir la responsabilité de communiquer et de pousser l’autre à le faire également. Bien sûr, on peut aider quelqu’un à s’exprimer mais s’il ou elle n’en voit pas l’intérêt, je pense qu’il ne faut pas s’épuiser à le faire, mais se concentrer déjà sur sa propre bonne communication. Même si le manque de communication limite le potentiel de la relation, c’est à vous de voir si celle-ci vous convient ou non.

4. VULNÉRABILITÉ

Éviter de fuir ses émotions

Communiquer demande nécessairement d’accepter d’être vulnérable et ouvert à ses émotions. Dans notre culture, c’est souvent une qualité qui est considéré comme une faiblesse. Et c’est ce que démontre très bien la chercheuse Brene Brown dans sa conférence TED sur le pouvoir de la vulnérabilité, que je vous mets en lien et que je vous invite vraiment à regarder car c’est à la fois très drôle et inspirant.

Ce que je trouve intéressant avec le fait d’oser être vulnérable, c’est que finalement, ça demande beaucoup plus de force et de courage, que de se couper de ces émotions. Et c’est exactement ce dont Dan Millman parle dans son livre Peaceful Warrior quand il dit « tu n’as pas encore ouvert complètement ton cœur, à la vie, à chaque instant. La voie du guerrier pacifique n’est pas une question d’invulnérabilité, mais de vulnérabilité absolue : au monde, à la vie et à la Présence que tu ressens. ».

Je me permets de généraliser, mais je pense que c’est la qualité la plus compliqué à développer pour un homme car c’est opposé aux codes de la virilité. Personnellement, je suis fier d’avoir beaucoup évolué sur ce point depuis quelques années et d’être plus facilement ému, de pleurer, de me sentir plus proche et connecté à moi, aux autres et à mon environnement.

5. HUMILITÉ

Éviter d’être fier.e et mal gérer son égo

Plus on est connecté et conscient de ses émotions, et plus on gagne en humilité. Et c’est une qualité très importante car je pense que la fierté, l’orgueil et un égo mal géré sont terriblement contraignants dans une relation.

Ça je l’ai appris de ma copine car c’est l’une de ses plus grandes qualités. Elle a une capacité à se remettre en question et considérer les autres, qui est même presque trop grande.

Les conséquences les plus répandues d’une fierté trop développer sont d’être têtu ou de bouder. A eux seuls, ces deux comportements génèrent ou prolongent inutilement des conflits.

Je vais prendre un exemple, de deux personnes qui sont en relation amoureuse et qui se voient occasionnellement. L’une des deux est seule un weekend et choisis d’aller voir un.e ami.e. L’autre personne attendait peut-être d’être invitée et par fierté, elle pourrait se vexer et bouder. Mais attendre que les autres devinent vos attentes et les punir si ce n’est pas le cas, n’est pas une bonne stratégie.

En améliorant la communication dans mon couple, on a découvert que l’un et l’autre, on avait des attentes inexprimées qui nous paraissaient naturelles. Mais en fait, on est différent et on n’est pas dans la tête de l’autre. Donc l’humilité, c’est prendre conscience que le monde ne tourne pas autour de nous et qu’on ne doit pas naturellement attendre quelque chose des autres. Si on veut quelque chose, on doit savoir le demander et pouvoir accepter un non sans se vexer. Combien de relation se sont arrêtés car personne n’avait l’humilité de se remettre en question ou d’admettre sa part de responsabilité dans un conflit ?

6. INDÉPENDANCE

Éviter de reporter ses besoins sur une seule personne et d’avoir des attentes

Nous sommes tous des êtres sociaux et interdépendant, c’est-à-dire que les relations aux autres sont nécessaires pour répondre à des besoins fondamentaux comme l’affection.

Donc quand je parle d’indépendance, je n’incite pas à se faire des câlins tout seul dans son coin, mais plutôt à combler ses besoins intelligemment. C’est-à-dire qu’en plus de faire attention à ce que votre pouvoir et votre liberté, de décision et d’action, dépendent le moins possible des autres ; vous allez lister vos besoins, qu’ils soient matériels, affectif ou autres, et réfléchir comment y subvenir. D’abord et autant que possible par vous-même, puis grâce à vos relations. Mais le piège c’est de mettre tous les œufs dans le même panier, en offrant à une relation affective, amoureuse souvent, une importance et un statut privilégié, ce qui va créer de la dépendance. Je pense qu’il n’existe peu, voir pas, de besoins qui ne puissent pas être comblé par soi-même ou un proche (famille, ami, collègue ou amour).

On est quand même largement conditionné, depuis notre enfance, à penser que seul une relation amoureuse nous permet d’être complet et qu’il faut donc rechercher notre « moitié ». Ce mythe nous rend donc dépendant de cette hypothétique personne et réduit notre potentiel d’épanouissement personnel et dans nos autres relations.

Quand vous en avez la possibilité, garder une source de revenu est également important pour son indépendance, sinon avec le temps, si la relation ne vous convient plus, vous risquez de vous retrouver dans une situation très précaire.

7. RESPONSABILITÉ

Éviter de reporter ses responsabilités sur les autres ou d’assumer les leurs

Dans la mesure du possible, chaque individu devrait prendre et garder la responsabilité de ses pensées, ses opinions, ses émotions, ses sensations, ses gestes et ses attitudes, dans toutes ses relations. C’est-à-dire que notre environnement extérieur et ses occupants, vont être à l’origine de différentes situations, mais la manière dont nous allons les vivre, dépend de nous et peut complétement changer selon notre état d’esprit.

Donc on n’est peut-être pas responsable d’une situation, qui dépend de beaucoup de variables extérieures dont on a peu de contrôle, mais on a la capacité et le pouvoir de la vivre de manière très différente selon notre perspective.

Pour l’illustrer, je vous traduis la citation de Ramana Maharshi : « Si vous sortez et que vous avez mal au pied, vous avez deux options. La première est que vous pouvez essayer d’envelopper le monde entier dans de la toile de jute, ou vous pouvez mettre une paire de chaussures ».

Le message à retenir, est que lorsque l’on se positionne en tant que victime, on rejette la responsabilité de nos souffrances sur notre environnement extérieur, et on perd ainsi tout pouvoir ou contrôle sur notre vie et notre état d’esprit. Il est bien plus efficace de changer soi, plutôt que d’essayer de contrôler notre environnement et ses individus, pour qu’ils correspondent à nos attentes. Ça ne veut pas dire que l’on renonce à ses envies, mais en acceptant sa part de responsabilité, on n’est plus victime et on récupère son pouvoir. Donc si j’ai mal au pied et que j’accuse simplement le monde pour ça, je perds toutes capacités de surmonter ce problème. Je deviens complétement dépend du bon vouloir du monde, j’attends qu’il écoute ma plainte et s’adapte à moi. Je peux également chercher à le changer malgré lui, en l’enveloppant de toile de jute, ce qui est très ambitieux et pas légitime. Mais la meilleure solution est d’abord d’agir à mon niveau, en m’adaptant et en mettant des chaussures.

Bien sûr certaines causes méritent de chercher à changer quelque chose, mais comme dirait Gandhi, le changement doit d’abord se faire en nous et être une source d’inspiration pour les autres.

Vous ne devez pas non plus supporter la charge mentale de prendre la responsabilité des autres, de les materner ou les paterner. Dans un conflit par exemple, je trouve intéressant de prendre l’habitude d’assumer ma part de responsabilité, le plus honnêtement possible et de laisser à l’autre, la charge de gérer la sienne. Car si je viens lui pointer du doigt ce que je lui reproche, ça va mettre cette personne sur la défensive. Et comme on cherche tous malheureusement à avoir raison, elle va instinctivement vouloir me contredire. Je me rajoute alors la charge mentale d’une longue discussion ou dispute, où chacun va défendre son point de vue sans réellement écouter.

Alors que si j’assume simplement ma part de responsabilité, sans pointer l’autre du doigt, je peux l’inspirer à en faire de même. A lui laisser l’autonomie, de décider par lui-même, d’assumer sa part de responsabilité et de se positionner comme il le souhaite, sans nécessairement être en opposition avec moi. Et si vous êtes face à quelqu’un qui ne cherche pas à comprendre et à s’améliorer, ne perdez pas votre énergie à le faire, c’est à vous de garder la responsabilité de continuer ou non cette relation selon ce qu’elle vous apporte.

8. LIBERTÉ

Éviter de posséder ou de fusionner

Pour qu’une relation reste équilibré, la notion de liberté est importante. Je pense que l’on devrait éviter de chercher à posséder l’autre ou de fusionner avec, mais plutôt d’être libre de rester des individus distincts avec chacun son espace, son temps l’un sans l’autre, ses activités, ses centres d’intérêts, ses goûts, ses relations, etc. 

Quand on possède ou qu’on fusionne, on perd cette liberté, puisqu’on pense avoir un droit sur l’autre, soit parce qu’on pense qu’il ou elle est à nous, soit parce qu’on pense qu’il ou elle fait partie de nous. Comme disait Osho : « Si tu aimes une fleur, ne la cueille pas. Si tu la cueilles, elle meurt et elle arrête d’être ce que tu aimes. Alors si tu aimes une fleur, laisse-la vivre. Tout simplement. L’amour n’est pas la possession. L’amour, c’est apprécier ce qui est ».

Fusionner avec l’autre peut également vous faire perdre une partie de vous-même et vous pouvez vous identifiez moins en tant qu’individus propre, et plus en tant que couple, conjoint ou conjointe. Mais plus votre identité dépend d’une relation, et plus vous êtes dépendant.e et souffrez quand celle-ci va mal.

La fusion, comme la possessivité ou la jalousie, ne sont pas des signes d’amour, mais sont une source de contraintes à la liberté de chacun.

9. INTÉGRITÉ

Éviter de jouer un rôle

Cette liberté permet de garder son intégrité, c’est-à-dire de s’accepter tel que l’on est, d’être fidèle à soi-même et d’éviter de jouer un rôle. Car au début d’une relation, quand on apprécie quelqu’un, naturellement on a envie de lui plaire. Inconsciemment on est attentif à ce que l’autre aime ou recherche, et on a envie de correspondre à son idéal. A ce moment-là, c’est important de savoir être vulnérable et se montrer tel que l’on est, même si l’on pense que ça ne va pas plaire. Cela permet également de rester aligné avec ses valeurs et de conserver une bonne estime de soi.

Éviter de jouer un rôle, c’est également éviter de materner, de paterner ou de rentrer dans des schémas de victime, de sauveur ou de persécuteur. On peut mutuellement s’apporter beaucoup de chose dans une relation, mais on n’a pas vocation à jouer un rôle avec la position et les responsabilités que cela implique.

Le risque, quand on joue un rôle ou qu’on cherche, consciemment ou non, à trop s’adapter pour plaire, c’est qu’on ne soit jamais vraiment aimé pour qui on est vraiment.

10. HONNÊTETÉ

Éviter de mentir à soi-même et aux autres

Être intègre demande d’abord d’être honnête avec soi-même et les autres, et de ne pas les tromper. Tromper ne veut pas dire « ne pas coucher avec une autre personne », mais ça signifie, respecter les accords ou le cadre de la relation, que je vous invite d’ailleurs à définir de manière explicite dès le début. Et quand on souhaite faire quelque chose qui sort de ce cadre, ça n’est pas forcément impossible, mais il faut impérativement en parler d’abord.

Dans une relation, c’est très courant qu’une personne fasse quelque chose dans le dos de l’autre et que ce soit découvert plus tard. Pourtant il existe une possibilité, non exploité, qu’en prenant le temps de discuter, cette chose puisse être accepté. Bien souvent, ce n’est pas ce qui est fait qui est blessant et dur à guérir, c’est le mensonge, le sentiment de trahison et la perte de confiance qui fait le plus de dégât.

11. BIENVEILLANCE

Éviter de manipuler

Être bienveillant demande d’abord de ne pas chercher à obtenir quelque chose des autres malgré eux. Bien sûr vos relations devraient vous apporter un bénéfice, c’est pour ça qu’on en a besoin, mais ça doit se faire naturellement.

Par exemple, si j’ai un besoin de relation intime, je ne vais pas manipuler quelqu’un pour arriver à mes fins mais je vais, soit être patient et laisser les choses se faire spontanément, soit le proposer directement et honnêtement.

La bienveillance, avec soi ou les autres, demande également d’accepter tout le monde tel qu’il est et de ne pas les forcer à changer. Vous pouvez les inspirer, mais je pense que vous ne devriez pas essayer de les changer. Tout simplement parce ce que ce n’est pas légitime ; pourquoi est-ce que les autres devraient correspondre à ce que vous voulez ? Même si ça part d’une bonne intention et que vous êtes persuadé que l’autre à un problème, la seule chose que vous pouvez faire c’est l’écouter et l’accompagner quand il ou elle a besoin de vous. Voilà une attitude bienveillante.

Ne vous engagez pas dans une relation qui ne vous convient pas avec l’objectif de changer l’autre personne car vous y voyez un potentiel. Vous devez être capable de vous satisfaire de la relation telle qu’elle est. Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas à l’autre personne de changer, mais à vous de décider si vous accepter cette situation et si vous souhaitez poursuivre ou non.

12. EMPATHIE

Éviter de ne penser qu’à soi

Devenir bienveillant demande de développer notre empathie, c’est-à-dire notre capacité à se mettre à la place des autres et de percevoir ce qu’ils ressentent. C’est une faculté qu’on incite culturellement à développer chez les femmes et à se couper chez les hommes, ce qui crée parfois des écarts importants et déséquilibre les relations.

C’était moi-même quelque chose qui me faisait défaut. J’avais parfois beaucoup d’empathie quand je reconnaissais des situations ou des émotions familières, mais j’avais du mal à me projeter au-delà de celles-ci. Ce manque d’empathie a pour effet de se couper des autres et de rester centré sur soi, sur son propre bien être. Ça ne veut pas dire qu’on n’a pas de considération pour celui des autres, mais on n’a pas toujours la capacité de percevoir et de décrypter ce qui se passe chez eux.

L’empathie nécessite d’abord un état d’ouverture aux autres, de s’y intéresser, une bonne capacité d’écoute, de présence et l’envie minimum de rendre aux autres ce qu’ils nous apportent. Personnellement pour la développer, j’apprends à réellement à donner sans recevoir et à trouver mon plaisir dans des actes les plus désintéressés possible.

13. DOUCEUR

Ne pas être violent verbalement, psychologiquement ou physiquement

Cultiver la douceur et la tendresse dans ses attitudes est très bénéfique pour son propre bonheur et dans la relation aux autres. A l’inverse la colère et les violences, verbales, psychologiques ou physiques sont un vrai fléau. En 2020, en France, hors homicides, les forces de sécurité ont enregistré plus de 159 000 victimes de violences conjugales commises par leur partenaire (soit une hausse de 10 % sur un an). 87 % des victimes sont des femmes (article). Et il ne s’agit ici que des violences enregistrées après une plainte.

Même si je doute (ou j’espère) que mon audience ne fasse partie des agresseurs ou agresseuses de ces violences graves, à une plus petite échelle, la violence est présente partout, sous différentes formes : hausser le ton, être autoritaire, crier, insulter, manipuler, volontairement claquer des portes ou casser des objets, bouder, se venger, gifler, le chantage affectif, contraindre, forcer, contrôler, etc. Tous ces comportements sont toxiques et générateur de stress pour tout le monde !

Ils ne doivent être, en aucun cas (pas même au nom de « l’amour »), acceptés ou justifiés. Même si notre partenaire vit une situation difficile, personnellement ou professionnellement, qu’il ou elle est stressé.e ou fatigué.e, aucune violence ne doit être tolérée. La relation doit rester un espace où l’on se sent en sécurité.

L’image de l’amour et la romance sont souvent associées à la souffrance, ce qui contribue à perpétuer et justifier ces violences, mais tout le monde mérite et devrait vivre ses relations dans la douceur.

14. RESPECT

Ne pas mépriser, se moquer ou juger

Le respect est un sentiment de considération envers quelqu’un, que l’on doit traiter au moins aussi bien que l’on aimerait qu’il nous traite. Les comportements irrespectueux comprennent : mépriser, se moquer, rabaisser, être condescendant, le mansplaining, le ghosting, les préjugés, le sexisme, le racisme, la discrimination, etc.

Comme pour la violence, il y a la partie visible de l’iceberg, c’est-à-dire des comportements que l’on identifie clairement comme un manque de respect (insulter par exemple), et la partie immergée constituée de petits comportements toxiques moins perceptibles.

J’ai d’ailleurs remarqué qu’une limite peut facilement être franchie dans la taquinerie, entre la plaisanterie et la moquerie. D’où l’importance de faire preuve d’empathie pour éviter de manquer de respect.

J’ai également découvert la notion intéressante de micro-machisme qui font partie de ces comportements tellement banales qu’ils sont plus ou moins imperceptibles, comme : couper la parole, ne pas écouter, faire semblant de ne pas savoir faire une tâche ménagère, faire passer ses envies avant celles de sa partenaire, etc. Il faut donc d’abord avoir conscience de ces comportements si l’on veut s’en débarrasser.

Un autre sujet récurrent quand on parle de respect, c’est le sexe. Il me semble que toutes les femmes avec qui j’ai parlé de sexualité, se sont plaintes du comportement irrespectueux des hommes : qui ne veulent pas utiliser de préservatif pour plus de plaisir, qui ne s’intéressent pas aux plaisirs de la femme, qui arrête le rapport après leur orgasme ou qui ne donne plus de nouvelles après avoir couché. Je ne vais pas m’étendre sur ce sujet ici dont je parle dans deux autres articles, mais il y a clairement aujourd’hui un manque d’éducation sexuelle.

15. CONSENTEMENT

Ne pas forcer ou imposer

Forcément quand on parle de respect et de sexualité, ça nous amène à parler de consentement ! Et de manière plus générale, ça s’applique à toutes les décisions qui implique une autre personne. Le consentement c’est quelque chose qui se demande explicitement et qui n’est pas implicite ou acquis de droit. Concrètement ça veut dire que ce n’est pas parce qu’on est en couple ou qu’on a déjà eu des relations intimes consenties avec une personne, que ça nous dispense de s’assurer à chaque fois du consentement de celle-ci.

Pour que ça fonctionne, il faut que l’un ait l’autonomie de pouvoir dire oui ou non, et que l’autre sache entendre et accepter un non ; qui d’ailleurs ne nécessite pas de justification ou de débat ! J’ai moi-même vécu une situation délicate où mon « non » n’a pas été accepté et où j’ai cédé après une longue insistance. Avec le recul, je regrette de ne pas avoir été plus ferme, je pense que j’étais trop gêné à l’idée de faire une scène, mais ça n’a rendu service à personne.

On doit faire les choses uniquement par envie et non par politesse, par fatigue, pour faire une faveur, pour faire plaisir ou dans l’espoir d’obtenir quelque chose ensuite.

16. INTENTION

Ne pas utiliser l’autre

Toute relation mérite de se questionner sur ses intentions et celles des autres, car celles-ci ne sont pas toujours claires ou conscientes.

Par exemple, si j’ai envie de parler à une femme, mais que je me désintéresse d’elle quand j’apprends qu’elle est en couple, c’est que j’avais une intention, qui s’est révélé impossible. J’ai d’ailleurs découvert le terme « fuckzone » qui illustre bien cette situation et qui répond à la « friendzone » d’un autre point de vue.

Être conscient.e des intentions de chacun.e est important dans une relation saine, qu’elle soit de courte ou de longue durée. On ne doit pas utiliser l’autre comme un objet, un outil social ou un trophée. Notre valeur ne se mesure pas par rapport aux autres, il ne faut pas les utiliser comme des outils de valorisation, et les jeter quand ceux-ci ont rempli leurs fonctions, ce qui est particulièrement blessant pour l’estime de soi !

Les relations fonctionnent parfois comme un marché, où ce que l’on pourrait vulgairement appeler une conquête, peu importe le genre, nous donne un certain pouvoir ou statut social. Il est donc de notre responsabilité, de se poser la question, est-ce que je m’intéresse à cette personne pour me valoriser ou être accepté auprès des autres, ou pour moi, pour l’envie de découvrir, de me connecter ou de partager un moment avec elle.

Je pense également que l’on devrait éviter d’avoir des attentes. Comme j’en parlais un peu avant, on doit d’abord se satisfaire de la relation telle qu’elle est et avancer dans une direction, sans attendre de résultat. C’est-à-dire, profiter du chemin qu’on parcourt avec quelqu’un, en gardant une direction qui nous convient, mais sans avoir d’idée précise sur sa destination. C’est d’ailleurs très bien illustré encore une fois dans « The Peaceful Warrior » de Dan Millman, quand un athlète de haut niveau craint de ne pas décrocher la médaille d’or aux jeux Olympique. Dans la réponse de son mentor qui suit, par analogie aux relations de couple, on peut imaginer que le sport c’est une personne que l’on aime et la médaille d’or c’est une attente telle que le mariage, les enfants ou plus généralement la relation que l’on idéalise : « La médaille d’or n’est qu’un désir. Si tu ne l’as pas tu souffres, mais même si l’avais tu souffrirais, car tu ne peux pas t’y attacher à jamais. Tu n’as pas besoin de cette médaille pour pratiquer ce sport que tu aimes. Ce n’est pas à tes rêves que tu renonces, mais à la seule chose que tu n’as pas et que tu n’auras jamais : le contrôle. Accepte que tu ne décides pas de ce qu’il t’arrivera. Que tu pourrais ou non obtenir cette médaille et que dans les deux cas, tu es quelqu’un d’exceptionnel ».

Maintenant quand je rencontre quelqu’un, je fais attention à mes attentes, et mon intention est d’abord de pouvoir montrer réellement qui je suis et d’avoir l’occasion de connaître véritablement cette personne.

17. ESTIME DE SOI

Éviter de s’oublier et se manquer de respect

En plus d’être important pour son développement personnel, avoir une bonne estime de soi permet de construire notre relation aux autres sur une base saine et solide. Plus celle-ci est basse et plus vous serez susceptible de vous sentir insécurisé. Par exemple, vous éprouverez plus facilement de la jalousie en présence d’une personne que vous jugeriez « mieux » que vous.

L’objectif de développer son estime de soi n’est pas de chercher à se voir comme notre idéal, mais d’abord de s’accepter et de s’aimer tel que l’on est maintenant, avec bienveillance, sans culpabiliser de notre passé, et en continuant à évoluer vers qui on veut être.

Cette estime et une certaine indépendance, comme on l’a vu précédemment, permet également de se respecter et de ne pas accepter n’importe quelle relation. De ne pas juste se satisfaire d’un potentiel au lieu de quelque chose de réel. De ne pas être en relation pour ce que l’autre pourrait devenir mais pour ce qu’il est maintenant, parce que ça nous convient.

18. SYNERGIE

Éviter de s’influencer négativement

Être en relation avec quelqu’un veut dire qu’on va mutuellement s’influencer, il faut donc veiller à garder une bonne synergie. Par exemple, si j’ai créé mon entreprise, que ça n’a pas fonctionné et que ma partenaire monte ensuite son projet, je peux avoir deux attitudes différentes. Soit je l’en dissuade, sous prétexte de ma mauvaise expérience et avec la peur inconsciente qu’elle réussisse où j’ai échoué. Soit je l’encourage, en me servant de mes erreurs pour l’aider et en m’inspirant de son énergie pour retrouver un nouvel élan.

Quand on est triste ou que l’on traverse des périodes difficiles, l’autre personne sera peut-être contente de pouvoir nous écouter et nous soutenir. Mais il ne faut pas profiter de cette bienveillance comme un exutoire. On doit également respecter la propre charge mentale que notre partenaire doit gérer.

19. INTROSPECTION

Éviter de rester figé dans son fonctionnement

L’introspection consiste à observer méthodiquement, soi-même, ses sensations, ses sentiments, ses états, ses pensées et ses motivations. C’est l’action de regarder à l’intérieur de soi et d’augmenter son niveau de conscience. Ça nous permet de ne pas simplement subir nos émotions, mais d’en comprendre l’origine, et d’identifier également les croyances qui influencent nos comportements et nous retiennent prisonnier d’un fonctionnement. Ces croyances, limitantes ou aidantes, proviennent principalement de notre environnement, nos expériences, et ne sont pas là par hasard.

Si je subis une agression, ça pourrait être légitime de développer la croyance que le monde est dangereux. Je vais alors prendre beaucoup de précaution ce qui va effectivement limiter les risques. Mais du coup je vais avoir du mal à faire confiance aux autres et créer du lien. L’introspection, et peut être une aide extérieure, va m’aider à en prendre conscience et adapter mon comportement. Et plus généralement, l’introspection permet de me déconditionner de tout ce que je n’ai pas choisi d’être, de ne plus suivre aveuglement des schémas tracés par les autres, de ne plus subir la pression sociale, de chercher ce qui me convient, et de remettre en cause toutes les croyances, les mythes et les modèles qui m’influencent.

Finalement, plus j’ai une conscience élevée de mon fonctionnement et plus je récupère le pouvoir de décider qui je veux être.

20. OUVERTURE D’ESPRIT

Éviter de se fermer aux changements

Enfin, c’est grâce à l’ouverture d’esprit que je vais étendre mes possibilités et évoluer. Si j’utilise une métaphore, je peux imaginer mes possibilités comme un jeu de carte. Chaque carte représente une possibilité de comportement face à une situation, que j’ai acquise par exemple à travers mon éducation, en m’informant ou discutant avec quelqu’un.

Donc si on me demande de citer rapidement quelques noms de ville, mon choix sera limité à mes cartes, c’est-à-dire à celles que je connais. Par facilité, je vais choisir celles qui sont le plus présent dans mon esprit et donc triées au début de mon jeu, jusqu’à celles moins accessible dont j’ai entendu parler que quelques fois.

L’ouverture d’esprit consiste à ne pas s’accrocher à ses quelques cartes en rejetant celles des autres, mais à s’ouvrir, à s’intéresser à toutes les possibilités, c’est-à-dire des modes de fonctionnement différent de ce dont on a l’habitude. D’où l’importance de ne pas s’identifier à ses comportements, car si je dis à tout le monde que je suis un grand carnivore, je rejetterais peut-être la possibilité de goûter un plat végétarien, de peur de trahir mon identité. Alors que l’ouverture d’esprit permet d’accepter la différence et d’en faire une possibilité, une nouvelle carte, même si on ne l’utilisera peut-être jamais.

Je prends l’exemple de la non-exclusivité qui est un sujet récurrent pour moi. Si je discute avec un couple monogame sur mon mode de relation non-exclusif et qu’ils sont complétement réfractaire, ils vont rejeter cette possibilité. Si quelques années plus tard, l’un d’eux ressent une attirance pour quelqu’un d’autre (ce qui est très fréquent dans une relation longue), il ou elle aura principalement accès à trois comportements. Refouler ses sentiments, tromper ou quitter son ou sa partenaire. Alors que toutes les possibilités qui sont liées à la non-exclusivité, lui permettrait d’avoir accès à beaucoup plus de choix, à commencer par celui de discuter honnêtement de ses sentiments aux personnes concernées, sans préjugés.

Garder l’esprit ouvert permet donc de ne pas rester figé et limité dans un fonctionnement alors que notre environnement et notre monde évolue perpétuellement. Ça nous permet d’apprendre et de nous enrichir des expériences des autres ; et donc de tirer un bénéfice de toutes nos relations.

Et voilà, on arrive à la fin de cet article, cette charte est bien sûr subjective mais elle peut vous aider à alimenter votre réflexion.


Publié par Romain

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Un commentaire sur “RELATION SAINE | Charte des attitudes d’un être humain moderne

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  1. Bonjour Romain, merci pour ton partage. Je trouve tes conseils très intéressants, petits changements de point de vue pour un grand changement de perception du monde. J’ai hâte de les mettre en pratique.

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par Anders Noren.

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