POLYAMOUR ERREURS | 10 erreurs à éviter

Les personnes qui découvrent ou vivent en polyamour font souvent les mêmes erreurs. Dans cet article, en me basant sur les miennes et l’expériences des personnes avec qui j’ai pu échanger, je vous propose une liste de 10 erreurs à éviter pour vivre vos relations non-exclusives le plus sereinement possible. 😌


1. VIVRE EN POLYAMOUR POUR LES MAUVAISES RAISONS

La première erreur est de proposer ou d’accepter de vivre de manière non-exclusive pour les mauvaises raisons. Ne l’acceptez pas uniquement pour faire plaisir à votre partenaire ou pour éviter qu’il ou elle ne vous quitte. Vous pouvez bien sûr sortir de votre zone de confort et décider de relever ce challenge, mais vous devez d’abord le faire pour vous. Réfléchissez à tous les avantages que ce mode relationnel pourrait apporter dans votre vie, au sein de vos relations actuelles et indépendamment.

Mais ne vous forcer pas à rester dans la relation si vous subissez complétement ce mode relationnel, rappelez-vous que vous avez toujours le choix, même si celui-ci est parfois difficile.

Le polyamour n’est pas non plus une porte de sortie quand le couple bas de l’aile. Si vous avez des problèmes dans votre relation, ils ne peuvent se régler qu’à l’intérieur de celui-ci quoi qu’il arrive.

Soyez également attentif.ve à ce qui motive votre envie de rencontrer, il se peut que ce soit pour combler des besoins affectifs et/ou sexuels. Ce n’est pas mal en soit, à partir du moment où on en a conscience, que c’est clair et consenti par tout le monde. Mais si ce n’est pas le cas, on peut facilement tomber dans une forme de consommation de l’autre, où inconsciemment on cherche à manipuler la relation pour obtenir quelque chose.

Donc c’est important de pouvoir distinguer la nuance entre, j’ai envie de découvrir cette personne par curiosité et sans attentes, ou parce que je pense qu’elle peut m’apporter quelque chose dont j’ai besoin. Et c’est ok, par exemple, de rencontrer quelqu’un uniquement pour le sexe, à partir du moment où les intentions sont claires et que tout le monde est consentant.

2. VOULOIR ETRE LE OU LA PREFERE.E

Accepter d’ouvrir son couple, mais à la condition souvent inconsciente, qu’on reste le ou la préférée de l’autre, est un piège classique.

Cette attente est à la fois irréaliste, illégitime et en lien avec l’ego. L’origine elle-même de cette attente n’est pas saine, l’amour, c’est aimer et non chercher à être aimé ou désiré. Ce n’est pas parce que votre partenaire peut aimer et être heureux.se en dehors de votre relation que ça doit vous dévaloriser.

Comprenez bien que vouloir être le ou la préféré.e, n’a rien de sain ou de romantique, car n’est pas un sentiment qui prend ses racines dans l’amour, mais dans la peur. Par contre, c’est une information super importante et utile, parce que ça oriente votre introspection. Vous savez, par exemple, qu’il y a probablement quelque chose à gratter au niveau de votre estime de vous ou de blessures affectives ou autres.

Selon le comportement de votre partenaire, vous imaginez et interprétez l’image que vous pensez qu’il a de vous. Ne vous identifiez pas à ces interprétations. Ne basez pas votre valeur par rapport aux comportements des autres. Concentrez-vous sur ce que VOUS aimez, sans chercher à être aimé car c’est la principale cause de souffrance.

Et rappelez-vous que l’amour fonctionne par phase. Durant la première, la passion, l’être aimé est idéalisé. Donc si ça fait 15 ans que vous êtes en relation avec votre partenaire et qu’il a le coup de foudre pour quelqu’un d’autre, c’est tout à fait normal qu’il ressente des émotions plus intenses pour cette personne. Ne le prenez pas personnellement, ça ne veut rien dire sur votre valeur. Chaque phase et dynamique de relation est différente et intéressante.

3. ÊTRE EN COMPETITION

Ne vous mettez pas en compétition avec votre partenaire et/ou ses relations. Ne cherchez pas à avoir autant ou plus de « conquête » ou de relation. Il n’y a pas de score à tenir ou à équilibrer, donc ne vous sentez pas blessé ou dévaloriser quand l’autre à plus de « succès ».

Dans cette course, certaines personnes se forcent à rencontrer alors qu’elles n’en ont même pas envie. Cette compétition, ou cet excès d’orgueil, est mauvais pour tout le monde. Le contexte est différent pour chacun, il faut faire les choses par envie et non par ego ou sentiment d’obligation. Il est tout à fait possible de vivre une relation non-exclusive en ayant qu’un ou une partenaire sentimentale et / ou sexuelle, alors que l’autre multiplie les rencontres. Ça peut également changer selon les périodes de chacun.

Donc il n’y a aucune règle, sauf celles de faire les choses pour soi, en toute autonomie, sans pression extérieur, de manière consciente et consentie.

4. SOUS-ESTIMER LA DIFFERENCE ENTRE THEORIE ET PRATIQUE

Attention également à la différence entre la théorie et la pratique. Être en accord et bien comprendre la théorie ne suffit pas. En pratique, les émotions, les peurs et les blessures s’en mêlent et viennent mettre le bordel !

A ce moment-là, certaines personnes que j’accompagne ressentent de la honte, car elles réagissent parfois de manière opposée à ce qu’elle voudrait. Ne soyez pas surpris ou déçu quand ça arrive, c’est normal ! Accueillez ces émotions avec bienveillance et compassion.

Peu importe ce que vous ou vos partenaires pensent être capable de faire en théorie, ça reste à prendre avec des pincettes ! Allez-y étape par étape et acceptez l’incertitude, car la confrontation avec la réalité, la souffrance et le travail qui en découle sont des étapes absolument nécessaires à l’évolution de chacun.

5. PRENDRE LA RESPONSABILITE DES AUTRES

L’ouverture à la non-exclusivité ou la multiplication des relations, éveillent souvent des insécurités qui peuvent nous confronter à des situations de souffrance pour nous ou nos partenaires. Et comme j’en ai parlé juste avant, c’est accentué par cette différence entre la théorie et la pratique.

Par exemple, ma partenaire pourrait être complétement consentante à ce que je rencontre une autre femme, et faire une crise de panique le jour J. Sa réaction émotionnelle pourrait alors me faire ressentir de la culpabilité, de la tristesse et de la honte. Et cette réaction que je vais avoir, va alors l’affecter elle, qui pourrait s’en vouloir de ne pas réussir à gérer ce passage à la pratique et ressentir les mêmes émotions que moi.

Donc on peut très vite rentrer dans un cercle vicieux, surtout si vous reprochez à quelqu’un d’autre votre réaction émotionnelle. Par exemple, sous l’effet des émotions, ma partenaire pourrait accuser le polyamour, le contexte, moi-même ou ma nouvelle rencontre d’être à l’origine de sa souffrance.

Et plus je suis empathique, sensible, voir hypersensible, et plus je vais être affecté par la réaction des autres, qui va devenir une véritable charge mentale et émotionnelle. D’ailleurs, l’un des premiers exercices que je propose quand j’accompagne un profil hypersensible, c’est de se concentrer sur la gestion de ses propres émotions et de ne pas essayer de résoudre les problèmes des autres. De mettre une distance avec leurs réactions émotionnelles, d’être présent et à l’écoute quand on en a l’énergie, mais sans en prendre la responsabilité.

Cette nuance est super importante, car quelqu’un qui souffre, doit assumer le fait que rien ni personne d’extérieur, dans la réalité, n’est à l’origine de cette souffrance. Ça sera le sujet d’un autre article, mais pour faire court, les autres n’en sont pas responsable et vous non plus, en tout cas pas directement, puisque le coupable c’est ce qu’on peut appeler votre programme. C’est-à-dire votre mode de fonctionnement automatique que vous avez acquis à travers votre enfance et toutes vos expériences.

Bref, qu’est-ce que ça veut dire ? Si on reprend notre exemple et que ma partenaire est jalouse lors d’une nouvelle rencontre. D’abord, je dois avoir conscience que je ne suis pas responsable de cette jalousie, donc je n’ai pas à culpabiliser et me générer une charge émotionnelle supplémentaire. Ça ne va pas m’empêcher d’être bienveillant donc d’agir avec compassion, être à l’écoute et la rassurer.

Ensuite, elle, de son côté, ne doit pas se positionner en tant que victime et reprocher cette souffrance à quelque chose d’extérieur. Elle en est à l’origine, donc il n’y a qu’elle qui peut l’arrêter, d’où l’importance d’en assumer la responsabilité afin d’avoir la possibilité, donc le pouvoir, de la surmonter. C’est très probablement lié à une insécurité, une blessure affective ou autre, et ces émotions sont très utiles pour en comprendre l’origine.

6. MONTER DANS L’ESCALATOR RELATIONNEL

J’en ai déjà pas mal parlé, mais je le rappelle dans cet article également, l’escalator relationnel c’est « l’attente sociale selon laquelle une relation romantique doit automatiquement suivre un ensemble d’étapes et mener au mariage, à la parentalité et à l’accession à la propriété ». C’est souvent un schéma très ancré et qui demande d’être déconstruit pour sortir du cadre traditionnel et pour exprimer plus librement le mode relationnel que nous voulons construire.

Il faut donc faire attention, dès le début de la relation, de ne pas inconsciemment vouloir monter dans cet escalator relationnel. Car peut être que vous valoriser la relation selon ce schéma. Du coup, si vous voyez quelqu’un 1 à 2 fois par mois, vous allez trouver ça sympa au début et puis au bout d’un moment vous aurez envie de « plus », et de monter plus haut dans cet escalator pour prouver également que c’est ce que vous méritez. Mais en fait, peut-être que la relation que vous avez actuellement est tout à fait satisfaisante à tout point de vue.

Pour vous aider à déconstruire cet escalator relationnel, vous pouvez imaginer que chacune de ses étapes ne sont pas quelque chose de mieux qui fait grandir la relation, mais simplement une évolution, qui rendra votre relation différente. Différente ce n’est pas forcément mieux ou moins bien, ça seul l’expérience vous le dira.

Déconstruire ce schéma vous demande également de faire le deuil de l’histoire traditionnel que vous aimez vous raconter. Les histoires que vous allez vivre seront probablement très différentes de l’image que vous aviez d’une relation idéale, mais ça ne veut pas dire qu’elles seront moins bien, mais elles seront au moins réelles.

Et si vous n’êtes pas satisfait dans votre relation, vous n’êtes pas obligé d’y mettre fin comme c’est souvent le cas quand on est pris dans cet escalator, on peut également la faire évoluer, ce dont je parle dans l’article sur la fin d’une relation.

7. NE PAS DEFINIR LE CADRE DE LA RELATION

Pensez à définir le cadre de la relation le plus tôt possible. J’ai eu l’exemple récemment d’une personne qui était contrarié par des réflexions sur son couple ouvert. Elle s’est rendu compte que si elle était sensible à ces remarques c’est que ces critiques appuyés sur des zones d’ombres de sa relation. Et après avoir discuté et traité ces sujets avec son conjoint, elle s’est sentie libérée, elle assumait pleinement la relation et n’était plus sensible à ces réflexions.

Donc c’est important d’avoir une vraie discussion, sans gênes, peurs ou tabous, dès le début de la relation, pour exprimer qu’elles sont les envies, les besoins et les limites de chacun. De parler de hiérarchie, de règle d’hygiène, d’organisation, etc. Ensuite, vous pouvez envisager ou non de mettre en place des ententes, qui évolueront par la suite. Faites simplement attention d’éviter de fixer des règles trop strictes ou des droits de véto, ça peut être utile à court terme pour se rassurer, le temps d’effectuer un travail sur soi, mais je pense que l’on doit garder l’objectif de les faire disparaître au fur et à mesure de l’évolution de la relation.

Certaines personnes me demandent également comment fonctionne le polyamour, qu’est-ce qu’il faut faire ou non. Alors je sais que vous sortez probablement de votre zone de confort et que du coup vous en cherchez une nouvelle, mais il ne faut pas non plus passer d’un dogme à un autre. De sortir d’un cadre restrictif pour en adopter un différent, mais peut être inadapté également. Cette réflexion c’est surtout l’occasion de remettre en question votre mode relationnel et d’en créer un sur mesure, sans essayer de rentrer à nouveau dans un cadre. La non-exclusivité vous offre énormément de possibilité, donc prenez le temps de réfléchir à la forme idéale de vos relations.

D’ailleurs le but de cette chaîne, n’est pas de vous proposer un nouveau mode relationnel ou des idées prêtes à l’emploi, mais de vous inciter à remettre en question vos croyances, à faire évoluer vos perceptions et expérimenter au maximum, pour choisir en conscience la vie que vous souhaitez.

8. SOUS-ESTIMER LE TRAVAIL A FAIRE SUR SOI

Découvrir la non-exclusivité va très probablement vous sortir de votre zone de confort et vous confrontez à vos insécurités, vos blessures et vos problèmes de dépendance affective. Certains vont chercher à fuir toute souffrance, comme si c’était l’indication d’être sur le mauvais chemin. Mais c’est l’inverse et si c’est votre cas, dites-vous bien que chacune des réactions émotionnelles désagréables que vous allez ressentir, seront des informations qui vous permettront de mieux vous comprendre et de surmonter vos difficultés.

C’est comme si vous vous lancez dans un marathon, mais que vous découvrez que vous avez une faiblesse quelque part dans une jambe. Ça sera l’occasion de faire des séances de musculation ciblées sur cette zone afin de la renforcer et de pouvoir affronter ce challenge. Vous allez peut-être comprendre que l’origine de cette faiblesse vient de votre posture ou de votre façon de marcher que vous allez pouvoir modifier pour vous débarrasser de ce problème, qui devait vous gêner dans toutes vos activités.

Donc ne craignez pas de ressentir de la jalousie, la peur d’être moins bien, abandonné ou toutes sorte d’insécurité, c’est normal et il n’y a pas de honte. Ce sont des choses que vous pouvez ressentir dans n’importe quel type de relation et sur lesquels vous pouvez travailler efficacement, comme j’en parle dans la vidéo sur la souffrance (vidéo dépendance).

Ce travail sur vous va probablement bousculer votre identité, notamment si vous vous identifiez à votre relation, mais ça sera l’occasion pour vous de vous détacher de cette image et de toutes ces étiquettes, pour découvrir qui vous êtes réellement, indépendamment des autres.

9. NE PAS PRENDRE COMPTE LA PEUR DU REGARD DES AUTRES

Ne négligez pas non plus le regard des autres que vous allez devoir gérer ou assumer. La non-exclusivité est un mode relationnel à contrecourant de notre culture qui peut effrayer nos proches. Vous allez probablement vous sentir isoler, c’est donc important de trouver des personnes de confiance avec qui discuter de votre situation. Que ce soit avec vos meilleurs amis, votre famille ou sur les groupes de discussion par exemple. Choisissez des personnes de confiance qui vous écouteront vraiment, sans jugement et faites attention qu’ils ne projettent pas leurs peurs sur vous.

Pour vous aider dans le dialogue avec des personnes non-initiés, je vous conseille comme j’en ai parlé dans le point précédent, de ne pas vous identifier à ce nouveau mode que vous mettez en place, ce qui créé davantage de distance et de différences avec les autres. Vous avez le droit de ne pas être sûr de vous et de tester de nouvelles choses. De commettre des erreurs, d’être jaloux.se, de souffrir et de persister sur cette voie, si vous pensez que tout ça est nécessaire à votre évolution.

Attendez-vous à ce que chaque difficulté que vous allez traverser, soient mise sur le dos du polyamour. C’est bien sûr hypocrite, puisque la monogamie est bien loin d’être dépourvu de ces mêmes souffrances, mais pourtant ce n’est pas le modèle que l’on va remettre en cause. Bien souvent le modèle relationnel n’a rien à voir avec ces difficultés, qui sont simplement de l’ordre de la relation à soi et avec les autres.

Gardez à l’esprit, qu’il va falloir affronter le regard et le jugement des autres, mais que c’est le prix à payer pour exprimer qui vous êtes vraiment. Et même si vous ne souhaitez pas en parler, il faut quand même être préparé à le faire, car ça sera peut-être nécessaire dans certaines situations.

10. VOULOIR ALLER TROP VITE

Vouloir aller trop vite, c’est la dernière erreur que j’ai d’ailleurs souvent faite. Le temps est une notion très importante à prendre en compte. Parfois j’avais l’impression qu’en réussissant à m’exprimer correctement et à trouver les mots pour rassurer ma partenaire, j’allais déclencher le déclic qui pourrait mettre fin à nos problèmes instantanément. Mais l’expérience m’a prouvé que ce ne sont pas vraiment des nouvelles stratégies de communication ou de comportement qui sont à l’origine des changements positives dans mes relations, mais la répétition, la régularité et donc la durée de celles-ci.

Développer et renforcer des comportements, donc des nouveaux chemins neuronaux, fonctionne un peu comme la musculation. Pour faire une analogie, si mes cuisses sont la compersion, qu’elles sont vraiment très fines et que je veux les développer, je vais faire des squats ! Mais ce n’est pas parce que j’ai compris la théorie ou que j’ai décidé que je voulais me muscler que je vais voir un résultat du jour au lendemain. Je vais devoir répéter encore et encore, ces exercices ou mes comportements compersif, pour que mon corps ou mon cerveau commence à changer.

Donc ne soyez pas frustré que toutes les choses que vous mettez en place chez vous ou dans vos relations n’aient pas l’air de fonctionner, ça demande du temps. Concentrez-vous à faire de votre mieux, tous les jours, d’agir avec bienveillance, en conscience et vous verrez forcément une amélioration dans le temps. La liste de ces erreurs n’est pas exhaustive donc si vous en avez d’autres à me suggérer, n’hésitez pas à venir en discuter en commentaire.


Publié par Romain

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